Le vocabulaire de la parenté

L’organisation des relations de parenté n’est pas la même en nengone qu’en français. Par exemple, un locuteur emploie le terme [brown]caca[/brown], que l’on traduit fréquemment par ‘papa’ en français, pour s’adresser à son père, mais aussi aux frères de son père et aux époux des sœurs de sa mère.

Il faut par ailleurs distinguer, d’une part, les termes d’adresse, quand le locuteur s’adresse directement à la personne concernée et, d’autre part, les termes de référence, utilisés pour parler de cette personne. Ainsi, en français, on peut comparer les termes d’adresse papa, maman, tonton, tantine, pépé, mémé aux termes de référence père, mère, oncle, tante, grand-père, grand-mère

La description qui suit ne prétend pas aborder toutes les subtilités de la parenté nengone. Pour plus de précision, vous pouvez lire utilement le chapitre « Termes et système de parenté et de relation », dans l’ouvrage Gens de Maré de Dubois (1984).

Le terme [brown]hmi [/brown] est employé lorsqu’on s’adresse à l’oncle maternel, ainsi qu’à tous les frères et cousins de la mère. Ils sont alors [brown]hmihmini in [/brown] ‘mes oncles maternels’. L’oncle maternel est très respecté : « L’oncle maternel est la source de vie. Il reçoit alors des présents à la naissance, au mariage, lors des maladies et à la mort du neveu. En outre, s’il voit le sang de son neveu couler, il a le droit d’emporter ce qui a provoqué la blessure » (Dubois, 1980, p. 526). L’oncle maternel joue un rôle symétrique par rapport à la mère ; il peut intercéder auprès des enfants à la place de leur mère.

Pour appeler les épouses des oncles maternels, on dit[brown] tretre [/brown] ou [brown]tre[/brown]. Elles sont [brown]cekini in[/brown] ‘mes tantes maternelles’. Ces termes d’adresse [brown]tre/tretre[/brown] et[brown] hmi [/brown] sont employés également pour appeler la tante paternelle et son mari. Les tantes paternelles, qui sont aussi [brown]cekini in[/brown], n’ont pas le même statut que les tantes maternelles. Lorsqu’une tante paternelle parle ou se fâche, on craint ce qu’elle dit. Elle peut intervenir comme un intermédiaire du père dans l’éducation, lorsque ce dernier n’est plus écouté par ses propres enfants.

Les oncles maternels et les tantes paternelles parrainent les enfants, lorsque le père et la mère de ces derniers sont absents, éloignés ou décédés.

Le terme[brown] mimi [/brown] est destiné à appeler les sœurs et les cousines de la mère, elles sont [brown]hmaien [/brown] ‘mère’, ou [brown]hmani in[/brown] ‘mes mères’. Quant à leur mari, on les appelle [brown]caca/ca[/brown] en citant leur prénom à la suite, ils sont [brown]ceceni in[/brown] ‘mes pères’, comme les frères et les cousins du père biologique. Les paroles des [brown]cecen [/brown] et des [brown]cek’in[/brown] du côté du père, d’une part, et des[brown] hmihmin [/brown] du côté de la mère, d’autre part, ont un poids très important dans l’éducation des enfants et sont particulièrement respectées. En effet, ces personnes ont une filiation directe avec les enfants et le lien du sang est donc privilégié.

Le terme [brown]pa [/brown] permet d’appeler les grands-parents, indistinctement pour les hommes et les femmes, qui sont[brown] papani in [/brown] ‘mes grands-parents’.

Au sein de la fratrie, l’ainé est appelé [brown]tok[/brown], il est le[brown] tok’a hna hnapo [/brown] ‘le premier né’. Le cadet est dit [brown]cel [/brown] ; il est celui qui seconde l’aîné et le remplace dans un travail coutumier en son absence. Mais il n’a pas les mêmes droits que son aîné.

[brown]Aceceluaien [/brown] est le frère, ou la sœur, ou le cousin ou la cousine du même sexe et plus jeune. [brown]Isingen [/brown] est le frère pour la sœur ou la sœur pour le frère, ou le cousin pour la cousine, et réciproquement.
Le terme[brown] mama [/brown] s’emploie pour s’adresser aux grands frères et aux grandes sœurs. Ils sont [brown]mamani in[/brown] ‘mes ainé(e)s’. Réciproquement, les plus jeunes sont appelés [brown]wacelua[/brown].

Le terme [brown]nene [/brown] est employé uniquement pour s’adresser à la mère. Dans un registre de langue soutenu, la mère est aussi appelée [brown]kodraruien[/brown], c’est-à-dire ‘nourriture précieuse’. Elle est considérée comme telle car c’est elle qui nourrit l’enfant, l’éduque, l’aide à grandir avec ses paroles.

L’arbre ci-dessous récapitule les principaux termes de parenté, de référence (en lettres droites violettes) ou d’adresse (en lettres italiques vertes).



 

Expressions

[brown]Co adiriceni ore puaka. [/brown] ‘Il faut engraisser le cochon.’

Il s’agit d’une expression triviale destinée à convaincre un oncle maternel d’être généreux à l’égard d’un neveu. La relation oncle maternel/neveu s’inscrit dans un rapport réciproque de don-contre don. Le « cochon » en l’occurrence est le neveu qui, s’il est bien « engraissé » par son oncle, lui sera d’autant plus redevable en retour.

[brown]Ha om kore guwekesi.[/brown] ‘Voici (notre) bois de santal.’

[brown]Guwekesi [/brown] désigne le bois de santal, une essence particulièrement recherchée au 19e siècle et qui a fait l’objet d’un intense trafic en Océanie. Dans le prolongement de l’explication qui précède, le terme désigne ici métaphoriquement le neveu, précieux aux yeux des oncles maternels et qui doit leur rapporter beaucoup.




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