L’opposition entre noms dépendants et noms indépendants est très ancienne et se réalise dans de nombreuses langues océaniennes, dont le nengone, selon des procédés d’expression différents. Elle existait probablement déjà en proto-océanien, la langue mère parlée il y a plus de 3000 ans dont sont issues les 500 langues océaniennes contemporaines (voir Malcom Ross, 1998).
Dans la littérature scientifique, différentes dénominations sont en usage pour désigner cette dichotomie. Les auteurs océanistes parlent tantôt d’opposition entre noms dépendants et indépendants, de possession inaliénable ou aliénable, ou de possession directe ou indirecte.
Dans les langues polynésiennes par exemple, un sous-groupe des langues océaniennes, cette dichotomie se manifeste dans l’emploi de deux prépositions distinctes o et a pour exprimer la possession. O s’emploie généralement lorsqu’il est question des parties d’un tout ou des parties du corps et a lorsque l’objet possédé est aliénable (on peut s’en séparer). Par exemple, en tahitien :
te rima o Teva |
la main de Teva |
te hoe a Teva |
la rame de Teva |
Cette dichotomie est précodée lexicalement et elle structure le lexique autant que le genre dans une langue comme le français.