L’expression de la possession en nengone répond à des règles grammaticales et orthographiques complexes. Les formes employées dépendent à la fois du terme possédé et de la nature du mot qui exprime le possesseur.
Du côté du terme possédé, il convient tout d’abord de distinguer deux catégories principales de noms :
• Les noms dépendants (exemples : hmenuen, ’épouse-de’, cecen ’père-de’, omen ’branche-de’). Il s’agit le plus souvent de termes de parenté ou de parties d’un tout.
Ils comportent généralement un suffixe possessif -n. Il s’agit d’un ancien pronom de troisième personne du singulier.
Lorsque le possesseur est exprimé par un groupe précédé de ore, ce groupe est simplement juxtaposé au terme possédé.
ore hmenuen ore cahman |
l’épouse de l’homme |
Lorsque le possesseur est exprimé par un nom propre, un pseudo nom propre ou un pronom personnel, il est précédé d’une marque personnelle i. Conformément à l’usage orthographique contemporain, nous accolons ce i au suffixe -n.
ore hmenueni Paulo |
l’épouse de Paulo |
ore hmenueni bon |
son épouse |
Lorsque les noms dépendants sont suivis d’un possesseur exprimé sous la forme d’un nom commun indéterminé, le suffixe -n tombe et les noms dépendants subissent souvent une alteration du timbre de leurs voyelles. Le possédé et le possesseur sont alors accolés dans l’usage orthographique.
ore runen ore serei |
la feuille de l’arbre |
runeserei |
feuille d’arbre |
ore omen ore serei |
la branche de l’arbre |
ore engen ore corilen |
la fleur de l’hibiscus |
angacorilen |
fleur d’hibiscus |
ore uyen ore nod |
l’esprit de la terre |
• Les noms indépendants (exemples : t’ot’o ’champ’, loto ’voiture’). Cette classe inclut les noms d’objets qui ne sont pas intrinsèquement attachés à un possesseur.
Ils ne sont jamais suffixés et ils peuvent apparaître en énoncé sans être accompagnés d’un possesseur. Si un possesseur est exprimé, on aura les agencements suivants :
- les pronoms personnels sont directement postposés
t’ot’o in ’mon champ’, t’ot’o bon ’son champ’, t’ot’o buhnij ’votre champ’, etc.
- les noms propres et les pseudos noms propres sont précédés d’une marque personnelle i :
t’ot’o i Paulo |
le champ de Paulo |
t’ot’o i cahman |
le champ de l’homme |
- devant les groupes déterminés, l’article ore est préfixé avec n- : nore
t’ot’o nore cahman om |
le champ de cet homme |
• Entre ces pôles des noms dépendants et des noms indépendants, on trouve des cas intermédiaires. Dans le cadre de cette initiation, nous nous contenterons de présenter les noms semi-dépendants (exemple : p’aegogo ’visage’, wata ’pied, jambe, patte’, yelè ’nom’). Cette classe inclut les parties du corps.
Ils peuvent apparaître seuls, sans possesseur postposé et sans suffixe.
Pailai ece kore wata. |
Le chien a quatre pattes. |
Ils peuvent être suffixés avec -n.
Cahman om deko watan. |
Cet homme n’a pas de jambe. |
Devant un possesseur précédé de ore, l’usage orthographique contemporain est le suivant : le relateur n est préfixé à ore. On écrira :
wata nore pailai |
la patte du chien |
Lorsque le possesseur est exprimé sous la forme d’un nom propre, d’un pseudo nom propre ou d’un pronom personnel, il est précédé de ni (relateur n + marque personnelle i) :
wata ni Paulo |
le pied de Paul |
wata ni morow |
le pied de l’enfant |