Des phénomènes de coalescence entre l’objet et le verbe s’observent également en français. Gilbert Lazard (1994, p. 16) rappelle à ce propos que des locutions verbales comme prendre feu, porter plainte, tirer bénéfice, etc., « manifestent […] un certain degré de coalescence : le nom n’a pas d’article, ne peut avoir de déterminant et il ne peut guère être séparé du verbe que par certains adverbes ». Cette coalescence peut aller jusqu’à l’incorporation totale de l’objet qui forme alors avec le verbe un mot composé. C’est ce procédé, employé dans un état ancien du français, qui a par exemple donné naissance à maintenir « tenir avec la main » et culbuter « buter sur le cul ».
En nengone, le mot ruac ‘travailler’ résulte d’une incorporation de l’objet : ruè ‘faire’ + acè ‘chose’. Cette forme composée peut à son tour accepter un suffixe transitif : ruacon ‘travailler sur qqch’.